Traversée Lubumbashi Kinshasa, 21 mars 2016, 7 eme jour
Lundi 21 mars 16 entre Mbuji-Mayi et Kananga, article contenant 2 vidéos
Ce matin il ne pleut plus.
Nous quittons tcha tcha tcha à 9h10 en compagnie du jeune congolais qui nous avait aidé hier. Il s’appelle André, mais attention pas n’importe lequel, nous avons André Gide comme pisteur s’il vous plait.
Nous repartons donc par la déviation qui nous avez été conseillée puis déconseillée hier (S 05°50.735’ E 023°11.010’)
Nous sommes escorté jusqu’à la sortie du village. Je film une petite partie de piste et Yann me demande de filmer l’arrière pour les croisements de ponts. Ok, mais c’est sans compter avec les enfants qui viennent en quelques secondes devant l’objectif, pas grave pour les croisements, il y en aura d’autres !
Un type nous dit encore que c’est une piste à moto et qu’il faut passer par la N1. C’est ça, une fois mais pas deux quand même.
9h30, nous sommes sortis du village et nous retrouvons la N1. Ca n’avance pas, il faut refaire des morceaux de pistes, prendre des bi routes sans arrêt, laisser passer les vélos et il y en a beaucoup. 10h20/8km, 11h30 /11km. On ne voit pas toujours très bien sur les photos et vidéos mais, à cet endroit, le passage était très étroit et lorsque Yann a testé la solidité du bord de la ravine, un gros bloc de sable est tombé !
Nous continuons entre bourbiers et pistes sablonneuses ou il faut, à chaque fois, descendre de voiture pour regarder de plus prés et sonder
Nous longeons le lac Mukamba (S 05°46.160 E 023°03.879’), quelques photos rapides car pas le temps ni vraiment l’envie de prendre une piste de 14 km qui, nous dit -on » avec votre machine ça passe! »
Nous arrivons à la frontière du Kasaï Occidental ( S 05°45.774’ E 023°03.444’). Contrôle des papiers du véhicule. Un motard est en train de se faire verbaliser ( 20$) parce qu’il n’a plus de rétroviseur. Il a droit à une lecture du code de la route, article ….tatati et tatata. Juste une petite remarque à ce sujet : Il n’y a aucune différence entre les personnes pour être verbaliser. Tout le monde y passe. Les congolais sont aussi exposés que les étrangers. Seul le montant peut être différent dans certains cas . Exemple : Un congolais donnera 1$ (ce qui est beaucoup pour la plus part), l’étranger qui vit depuis longtemps en RDC donnera 10$, l’étranger qui vit depuis peu donnera 100/200$, le touriste qui ne connait pas …..pouuuuuu, alors là, le problème c’est quoi…il donnera beaucoup !
Contrôle DGM , aucun problème. courtois et professionnels. Nous donnons notre passeport à chaque fois avec des photocopies afin de faciliter le travail d’enregistrement. J’insiste sur le fait que la présentation du passeport est obligatoire ce qui est tout à fait normal. Nous vivons au Congo depuis plusieurs années ( 30 ans pour Yann et 11 pour moi) nous avons donc connu des moments ou certains services fonctionnaient difficilement. Aujourd’hui, et en particulier la DGM ( nous ne connaissons pas suffisamment les autres services pour donner notre avis) sont complètement différents.Vous êtes en règle, vous n’aurez aucun problème. Attention, vérifiez bien vos visas et les dates de validité de tous vos documents parce que s’il y a une petite faille ….
On nous informe qu’il y a un pont cassé à quelques kilomètres mais que les jeeps passent, un autre dit le contraire évidement. Nous décidons d’aller voir.
Nous sommes dans la bonne direction, c’est écrit !
10 km plus loin nous faisons demi-tour car l’information du pont cassé se confirme et il est encore loin.
Il faut prendre une autre piste. Il est 13h30 lorsque nous prenons la piste (S 05°45.487’ E 022°59.449’) ça n’est pas la bonne mais on ne le sait pas. C’est une piste utilisée uniquement par les camions. Nous apprendrons à Kananga que certaines personnes aiment donner de mauvaises infos pour voir « le blanc » se planter et venir, je cite Moise, un congolais : « pleurer dans le village, supplier pour avoir pour les bras et là vous déversez vos ressources » ce qui peut atteindre un coup en $ non négligeable.
La suite ne sera qu’une succession de bourbiers, « bi route » improvisées, pistes à refaire, à sonder …. Mais aussi les petites histoires congolaises. Lors d’un pelletage, Yann explique à André Gide qu’il a aussi 3 prénoms, Yannick, René, Paul. André, aussitôt lui lance : « ok vous êtes René Descartes et Paul Sartes ! » A partir de ce moment André appellera Yann, Monsieur René ! Et vous madame ? Moi c’est Geneviève, Marie, Lorette. Oh, Marie, la vierge ! Hé oui André …Mais, Lorette, je n’ connais pas Lorette. Lorette, c’est le nom d’une petite chapelle dans mon village d’irréductibles quelque part dans le grand nord. Vous venez d’un village aussi ? Comme ici ? Euh, oui d’un beau village ( 48°14’31.9″ N 2°54’28.7″) mais un peu diffèrent d’ici.
Il est 16h50 nous arrivons dans un village (S 05°38.148’ E 022°53.924’) Énorme bourbier, devant, à droite et à gauche. Solution, passer à l’intérieur du village et c’est ici que ça se corse !
Il faut payer pour traverser, OK, une personne demande 1000 fc, Yann donne 1000 fc. Un autre arrive et n’est pas d’accord, pas assez, palabres. Le ton monte très vite, Yann est crevé mais reste calme ( je ne sais pas comment il fait), ce qui énerve encore plus les deux hommes (un, parle un peu le français) et dit qu’ils veulent beaucoup plus de $. De mon côté, un jeune vient et me dit qu’il faut passer par la route. La route ? mais quelle route ? Je dis, une fois de plus, que nous allons dormir ici au milieu du village. Yann acquiesce et descend de la jeep. Un homme est assis sur le bout de bois qui sert de barrière devant la voiture. Yann fait pareil. Ah non non il faut vous asseoir sur une chaise ! On apporte donc une chaise à Yann. Ça palabre encore et encore. Rien à faire, Yann se lève et part à la recherche du chef du village. je film toute la scène que vous pouvait voir en accélérée ci dessous.
Il rencontre un instituteur beaucoup plus compréhensible. Vous avez donné 1000 fc, vous allez passer. Ils reviennent tous les deux et l’instituteur donne l’ordre d’ouvrir le passage. A côté de moi, j’ai les femmes du village, je ne dis rien, je ne réponds pas aux provocations. Fatiguant, fatiguant. Le sitting est terminé et notre 1er homme disparaît très vite. Nous prenons une photo et l’instituteur nous accompagne car il y a encore deux autres villages à traverser du même style.
En allant au 2eme village j’aperçois un camion planté ! il y en a 2 derrière.
Yann va voir le chef. Il a environ 30 ans et ne parle pas un mot de français. L’instituteur lui explique la situation. Pas problème, Yann donne 1000 fc et nous passons. Près d’une case il y a un beau trou, pas le moment de ce planter et pire encore de toucher la case. 1er tentative ça ne passe pas. 2eme tentative, ça passe impec
3eme village, nous voyons un homme s’agiter et qui, bras tendu nous montre la piste. C’est aussi un instituteur mais, lui, n’est pas disposé à nous laisser passer. Rien à faire il ne parle même pas d’argent, il veut que nous passions par la piste. Nous savons pourquoi ! village= plantage= $$$$$$$ Il est agressif, Yann n’insiste pas.
Yann inspecte la piste, les ornières sont hautes mais il me dit que ça devrait passer, ça doit passer. Et ça passe, ouffff
Il est 18h30, nous campons dans la brousse à 2 ou 3 km. 68 km de parcouru !
André nous raconte un peu sa vie. Il a 31 ans, marié, deux enfants, Patience, 4 ans et Merveilleux 6 mois.. Sa femme à 20 ans ! Il ira voir son frère qui est à Kananga. Il nous explique qu’il poussait les vélos sur les pistes pour se payer ses études et est très fier de parler le français. C’est vrai qu’il peut être fier. Il nous raconte aussi comment les gens du village de tcha tcha tcha l’ont malmené parce qu’il aidait « les blancs » sans demander l’argent. Terrible, ils sont impitoyables entres eux. .
.Nous partageons notre dîner avec André sardines, thon et pâtes ( c’est certain, nous avons participé à l’extinction des espèces sardines et thon!) et avant de se coucher, il nous pose encore une question : Est ce qu’il y a des blancs à Kinshasa !
Nous l’installons à côté de la voiture sur la bâche avec une couverture de survie. Coté doré en haut pour avoir chaud, coté argent en haut pour se protéger du soleil. Les commentaires vont bon train !!!
Lendemain petit déjeuné et en route pour Kananga
Antuka, vos reportages vont cruellement me manquer.
Depuis cinq mois, c’était un réel plaisir que de les découvrir.
Merci à vous deux pour ces partages.
Super à vous deux vous pouvez continué l’Afrique est grande pour des explorateur comme vous.
c’est passionnant de vous suivre