Du 1er au 8 fev   : Douala – Limbé – Foumban – Banyo – Nigéria

1 et 2 février

Après quelques jours de repos, nous reprenons la route en direction du Mont Cameroun.

Sortie Douala

Le trajet entre Douala et Limbé n’offre pas de paysages particulièrement remarquables, mais notre halte au Camp Tsaben Beach près de Bakingili, s’avère être une agréable surprise. L’établissement bénéficie d’une plage et d’une belle vue sur le Mont Cameroun qui se découvre en ce moment de saison sèche le soir et le matin

Initialement, nous avions prévu d’y passer une seule nuit, mais le cadre nous incite à prolonger notre séjour. Contrairement à Kribi ou Ebodjé, où la chaleur et l’humidité étaient omniprésentes avec un vent désagréablement fort ici, c’est une brise fraîche qui descend du Mont Cameroun, rendant l’atmosphère beaucoup plus agréable.

Le lendemain, nous profitons de cette météo clémente pour une séance de footing ; bon sang, cela faisait tellement longtemps (depuis le 25 décembre !) franchement cela nous manque mais pas facile de faire tous les jours .

Inutile de regarder l’heure, il a fallu traverser des ruisseaux empierrés, prendre des photos quand même, et puis il faisait un peu chaud, donc un petit bain dans cet océan à 29 °C s’est imposé, forcément !

A notre retour nous avons 3 invités !! goûter en route , gâteaux et eau et le plus petit ne me quitte pas d’une semelle il est accroché à ma jambe de nombreuses fois

En fin de jouréne , la grande soeur rentre à la maison

Mardi 4 février

Direction Manjo ! Nous laissons le mont Cameroun derrière nous,

et dans un élan d’aventure, je choisis la N8.

Pourquoi ? Simple : nous avions déjà exploré une partie de la N3 en quittant Douala. Pourtant, un détail aurait peut-être dû me mettre la puce à l’oreille… Aucun Overlander n’a emprunté cette route. Et puis Google m’affiche 120 km en 3h30. Franchement, ça aurait dû m’alerter, non ?

Mais non, bien sûr que non ! Je persiste, et nous voilà partis dans cette direction.
OMG… Grave erreur. La route se transforme vite : d’abord quelques trous, puis plus de route du tout. Juste une piste cabossée, et pour couronner le tout ça n’est franchement pas très joli . Bref… CHOIX ARCHI NUL ! Bravo gg

En plus nous nous faisons arrêter par la gendarmerie et cette fois on nous demande le « Passe avant » ou «  passavant ». Nous aurions du le recevoir à frontière en entrant au Cameroun mais nous n’avons qu’un tampon sur une copie de la carte rose du véhicule . Bien pas de passavant mais pas de soucis pour aller de l’avant !

un joli passage de pont , le seul point agréable

Enfin à quelques kilometres de Manjo la route . Nous nous arretons demander l’autorisation de camper à l’Hôtel …de ville ! Nuit un peu bruyante car nous sommes près de la route mais acceuil très chaleureux.

Mercredi 5 février

Le secrétaire général, qui nous a accueillis hier soir, nous confirme que le site des chutes d’Ekom est très agréable et reposant. Elles étaient déjà sur ma liste, mais lorsqu’un avis positif vient conforter nos choix, c’est toujours appréciable. Alors, en route vers les chutes !

Ces Chutes d’Ekom Nkam situées dans la région du Littoral, près de la ville de Melong, sont hautes de 80 mètres, elles se jettent dans la rivière Nkam, offrant un spectacle impressionnant, surtout en saison des pluies lorsque le débit est à son maximum. Nous sommes en saison sèche donc moins impressionnantes mais quand même très sympas !

Elles sont également célèbres pour avoir servi de décor au tournage du film Greystoke : la légende de Tarzan, le seigneur des singes (1984). Le site est vraiment bien organisé et l’emplacement du camp Top !

Nous avons vu une vidéo ou elles étaient plaines , impressionnat

le camp

Jeudi 6 février

Avant de quitter le camp nous allons en amont des chutes. C’est clair, en saison des pluies ce doit être énorme car tout ceci est plein d’eau.

Direction Bafoussam par la P15, avec pour objectif : les chutes de la Métché. Nouvelle pause en chemin, et, une fois de plus, le responsable de la douane nous demande le fameux PassAvant. Après 45 minutes de vérifications auprès du chef — que Yannick a au téléphone le brigadier K nous autorise à reprendre la route. À noter : tous les contrôles que nous avons eus (et il y en a eu beaucoup !) ont toujours été courtois et professionnels.

Le paysage change peu à peu, et l’architecture aussi.

C’est quelque part après l’entrée d’une chefferie que… Bam ! Radar ! Clic-clac ! Yannick est pris en flagrant délit d’excès de vitesse.

Toujours très courtois, le représentant de l’ordre nous accueille gentiment photo en main … et nous allégeons notre portefeuille de 25 000 FCFA avant de reprendre la route.

Arriver à Bafoussam, c’est… comment dire ? Animé et pas vraiment agréable.

Le projet de visiter les chutes de la Métché tombe finalement à l’eau : elles sont trop loin, et il est déjà tard. Nous décidons de quitter la ville par l’est, en direction de Foumban, tout en cherchant un emplacement pour la nuit.

Un terrain de foot, une école, un hôtel de ville, un parking… bref, un emplacement qui fera l’affaire ! Bingo un parking . Trente minutes plus tard, plusieurs camions arrivent également. On apprend qu’il y a une manifestation à Fambot ( point rouge), à une vingtaine de kilomètres de là ou nous nous sommes arrêtés

Effectivement, les notables défilent : le maire, le sous-préfet et le préfet, suivis de véhicules militaires et de camions remplis de policiers. D’après les chauffeurs de camions, la situation est sérieuse. Tous sont unanimes : hors de question de tenter de passer.

« Ce sont les Bamouns, et ils sont féroces ! », nous disent-ils. Des machettes auraient déjà été sorties, et des coups de feu retentis. La tension est palpable…

Vendredi 7 février

Le calme est revenu. Bye-bye aux chauffeurs de poids lourd, et nous reprenons la route vers 10 h, direction Foumban, avec pour objectif la visite du musée du Sultan. Nous prévoyons de découvrir le Musée du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya et l’extérieur du palais ( l’intérieur étant privé). La visite s’annonce d’autant plus intéressante que, suite aux récits des chauffeurs de poids lourd hier soir, ma curiosité a été titillée Pourquoi étaient-ils si effrayés ? Ils avaient réellement la trouille… et je suis bien déterminée à comprendre pourquoi.

Arrivée à Foumban

Avant la visite un petit tour sur internet : Voici les 20 sultans

Nchare Yen (1394 – 1418) : Fondateur du royaume Bamoun, il conquiert les terres autour de Fumban et établit une monarchie centralisée.
Ngoupou (1418 – 1461) : Il consolide le royaume et poursuit l’expansion territoriale.
Monjou (1461 – 1498) : Période de paix relative, favorisant la stabilisation interne du royaume.
Mengap (1498 – 1519) : Développement des infrastructures locales, notamment des routes commerciales.
Ngouh I (1519 – 1544) : Renforce les relations diplomatiques avec les royaumes voisins.
Fifen (1544 – 1568) : Établit une armée permanente pour sécuriser les frontières du royaume.
Ngouh II (1568 – 1590) : Règne marqué par des guerres de défense contre les attaques extérieures.
Ngapna (1590 – 1629):Développement de l’agriculture et de l’artisanat local.
Ngouloure (1629 – 1682) : Période prospère, caractérisée par la croissance économique.
Koutou (1682 – 1757) : Maintient la stabilité politique et renforce les lois coutumières.
Mbouombouo (1757 – 1814) : Époque d’expansion culturelle et de développement des arts bamoun.
Ngbetnkom (1814 – 1817) : Règne court, marqué par des troubles internes.
Mbeikuo (1817 – 1818) : Transition rapide du pouvoir, peu d’événements majeurs rapportés.
Ngouhouo (1818 – 1865) : Introduction des premières influences islamiques dans le royaume.
Ngoungoure (1865) : Seule femme à régner, mais son règne dure seulement 30 minutes, symbole d’une crise de succession.
Nsangou (1865 – 1884) : Prépare le royaume à l’arrivée des colonisateurs allemands en 1884.
Nsangou (1884 – 1889) : Premier sultan à vivre sous la domination allemande.
Ibrahim Njoya (1889 – 1931) : Figure la plus marquante de l’histoire bamoun. Créateur de l’écriture Shü-mom, il modernise le royaume et instaure un système éducatif et administratif innovant.
Seidou Njimoluh Njoya (1933 – 1992) : Période de colonisation française puis d’indépendance. Il joue un rôle clé dans la transition vers l’État camerounais moderne.
Ibrahim Mbombo Njoya (1992 – 2021) : Sultan moderne, il intègre le royaume dans les structures de l’État camerounais et occupe des fonctions politiques nationales.
Nabil Mbombo Njoya (2021 – présent) : Représentant de la nouvelle génération, il doit jongler entre tradition et modernité dans un contexte globalisé.

Les plus marquants

Il y a égalements les reines meres qui sont affichées

En 2020, les collections du sultanat, initialement exposées dans le palais depuis 1920, ont été transférées vers le nouveau Musée Royal de Foumban. Ce projet, initié par le défunt sultan Ibrahim Mbombo Njoya, a bénéficié de financements mobilisés par l’association La Route des Chefferies auprès de bailleurs internationaux, notamment le MINEPAT, la Banque Mondiale et l’AFD.

Entrée du musée : Une architecture marquée par 3 emblèmes uniques et chargés de symboles, typique du royaume Bamoun et reflètant l’importance de la spiritualité, de la protection et du pouvoir royal dans leur culture.

1- L’Araignée géante au sommet :
Elle symbolise la sagesse, la ruse et la connexion spirituelle. Dans le contexte Bamoun, elle peut aussi représenter le rôle du sultan en tant que gardien des savoirs ancestraux.
2- Les serpents à deux têtes qui encadrent l’entrée :
Ces serpents illustrent la protection, le pouvoir et la vigilance. Le fait qu’ils soient à deux têtes amplifie leur symbolisme : aucune menace ne peut passer inaperçue, qu’elle vienne du passé ou de l’avenir. Ils gardent symboliquement l’entrée du palais ou du musée.
3- Les doubles cloches dorées à l’entrée :
Elles évoquent l’autorité royale et l’harmonie entre les mondes terrestre et spirituel. Ces cloches servaient probablement à annoncer les événements importants ou l’arrivée du sultan, mais ici, elles rappellent leur rôle dans les cérémonies traditionnelles.

Nous visitons le musée accompagné d’un guide. Malheureusement, les photos y sont interdites. Dommage, car les lieux regorgent de trésors historiques. Au fil de la visite, notre guide nous résume l’histoire des sultans que je vais tenter de vous retranscrire…

En entrant dans le musée vous êtes immédiatement transporté dans un univers chargé d’histoire et de traditions. Les murs sont ornés de fresques, de sculptures et de motifs géométriques complexes, qui racontent l’histoire du peuple Bamoun et de sa riche culture. L’éclairage tamisé crée une atmosphère intime, presque spirituelle.

Les salles thématiques

La salle des trônes royaux : Cette pièce impressionnante expose les trônes des différents sultans qui ont régné sur le royaume. Chaque trône est unique, sculpté à la main avec des symboles royaux tels que des serpents et des araignées, représentant le pouvoir, la vigilance et la sagesse. Les trônes sont souvent ornés de perles et de tissus précieux.

La galerie des masques et des statues : Ici, une collection de masques rituels et de statues en bois, utilisés lors des cérémonies traditionnelles, témoigne de la spiritualité Bamoun. Chaque masque est accompagné d’une explication sur son rôle dans les rites d’initiation, les célébrations ou les funérailles.

Les armes traditionnelles et objets d’apparat : Une salle dédiée aux armes du royaume, notamment des lances, des sabres et des boucliers richement décorés. On y trouve également des costumes de guerre, portés par les guerriers et le sultan lors des batailles, ainsi que des bijoux royaux en bronze et en or.

L’atelier des artisans :: Une section interactive qui présente l’artisanat Bamoun. Vous pouvez voir des exemples de tissage, de forge, de sculpture et de gravure sur calebasse, soulignant l’ingéniosité et le savoir-faire de ce peuple.

La salle des archives :: Des manuscrits et des documents rares, rédigés en shümom, l’alphabet inventé par le sultan Njoya, sont soigneusement conservés. Ces textes témoignent de la volonté des Bamoun de préserver leur histoire par l’écriture.

Le point central : la relique royale: Au cœur du musée se trouve une vitrine consacrée aux reliques des sultans, notamment des couronnes, des sceptres et des objets sacrés utilisés lors des cérémonies.

Ambiance générale :: Tout au long de la visite, notre guide nous raconte les légendes de l’histoire Bamoun. Par exemple , Le sultan Njoya Ibrahim (1889-1931) et son harem impressionnant, avec près de 600 épouses. Cette information, bien que parfois exagérée, témoigne du pouvoir et de l’influence qu’il exerçait en tant que souverain du royaume Bamoun. Autre : le sultan Ibrahim Njoya (1889-1931) était l’un des plus imposants physiquement et selon notre guide il mesurait 2.60 m !!.

Nous resortons echanté de notre visite

Une autre vue avec le buste du sultan actuel

Un petit tour vers le palais . Il a été construit en 1917 sous le règne du sultan Ibrahim Njoya, a fait l’objet de plusieurs restaurations au fil du temps. L’une des restaurations notables a été réalisée il y a environ 17 ans, avec un coût estimé à 152 666 139 F CFA (soit plus de 3 millions de nouveaux francs). Le financement de cette opération a été assuré par des sources non spécifiées. Le guide nous dit que l’UNESCO a té d’une aide crusiale.

C’est après cette visite et en écoutant attentivement notre guide que nous comprenons enfin pourquoi les chauffeurs de poids lourd semblaient si craintifs. Pour le comprendre pleinement, faisons un détour du côté de l’histoire et des traditions de l’ethnie Bamoun. Les Bamouns, dans l’Ouest du Cameroun, est une ethnie respectée et redoutée pour plusieurs raisons historiques et culturelles :
Héritage guerrier : Le royaume Bamoun, fondé au 14ᵉ siècle, est l’un des royaumes les plus puissants du Cameroun. Sous le règne du Sultan Njoya, ils ont repoussé plusieurs invasions et consolidé un vaste territoire. Ils étaient réputés pour leurs compétences militaires et leur art de la guerre.

Organisation politique et monarchie forte : Le Sultanat de Foumban est l’un des royaumes les plus structurés du Cameroun, avec une monarchie encore très influente aujourd’hui.
Le Sultan a toujours eu un rôle clé, à la fois spirituel, culturel et politique, ce qui renforce le respect et la crainte associés à ce peuple.
Culture et traditions mystiques : Les Bamouns ont des pratiques spirituelles et artistiques complexes, notamment à travers leurs sculptures, leurs masques et leurs rituels traditionnels. Cette richesse culturelle, souvent perçue comme mystique, suscite parfois une forme de crainte.

Puissance économique et artisanale : Les Bamouns sont aussi redoutés pour leur influence économique, notamment à Foumban, où ils sont d’excellents artisans, commerçants et agriculteurs.
Encore aujourd’hui, lors d’une manifestation comme celle d’hier, seul le sultan a le pouvoir de l’arrêter. Tant qu’il ne dit pas « Stop », les manifestants continuent… et peuvent aller jusqu’à l’extrême, parfois même jusqu’à la mort.

Nous reprenons la route vers le nord-ouest, en direction de Banyo, située à quelques kilomètres de la frontière nigériane. Le paysage change progressivement : les collines verdoyantes laissent place à des montagnes plus accidentées, offrant des panoramas certainement à couper le souffle en saison des pluies. Pour nous c’est la saison sèche donc tout est flouté !

À partir de Magba, à environ 140 kilomètres de Banyo, c’est de nouveau de la piste, mais quelle piste ! Une piste très, très pénible.

Nous nous arrêtons vers 17h30 , Yannick est ok , moi epuisée !

Samedi 8 février

C’est repartie pour 95 kilomètres de piste dans le même état . Il y a bien quelques portions en bitume, principalement au sommet des montagnes, comme une petite récompense pour l’effort fourni. Mais le reste… bonjour ! La piste est parsemé de nids-de-poule, de crevasses, . Chaque kilomètre semble durer une éternité. Bref ras le bol !

Attention limitation à 30 km/h …Ils ont de l’humour les Camerounais on ne dépasse pas le 15 ! 45 kilometres : 3h !

À mesure que nous approchons de Banyo, l’air devient plus frais, et les montagnes environnantes semblent se resserrer autour de nous, rendant l’atmosphère presque mystique. Malgré l’état parfois précaire de la piste, l’excitation de découvrir cette nouvelle région l’emporte sur les désagréments du chemin.

Nous trouvons un emplacement top du top et nous y restons deux jours . La température est exquise , pas un insecte, température agréable ,vue magnifique sur Banyo. Ce site est tout simplement génial .

Et la nuit ? Un silence absolu.

Lundi 10 février

Direction le Nigeria .quand faut y’aller , faut y’aller …

Lundi 10 février

Nous quittons notre bel emplacement . Direction le Nigeria . Quand faut y’aller , faut y’aller …

La piste est meilleure , et les paysages sont superbes , offrant un dernier coup d’œil grandiose sur la région. Mais une chose est sûre : je ne voudrais pas faire en saison des pluies , tout comme les 142 kilomètres avant Banyo !

12h : Passage de la frontière Cameroun
– Poste d’immigration : Hyper simple et rapide. Mais… pas de tampon de sortie sur le passeport. Pourquoi ? Depuis 2020 , la frontière est fermée , et aucun décret n’a été signé pour officialiser sa réouverture.
Solution locale : le douanier nous demande une photocopie de notre passeport , qui servira d’attestation de sortie en cas de problème . Tout ça se passe dans une ambiance très étendue .

– Poste de gendarmerie : Juste une photocopie du passeport , et hop, c’est réglé.

– Douane : Rien. Nada. Zéro contrôle, circulez …

A la sortie du bourg nous passons devant un monsieur que nous avions doublé à Banyo … alors pourquoi est-il devant nous ? Intrigué, je lui pose la question.
Sa réponse est simple : il y a deux pistes , et nous avons pris la plus longue !
Mais cette fois, ce n’est pas ma faute : cette piste plus courte n’est indiquée nulle part . Ni sur les GPS , ni sur 4×4 Africa , ni sur Overlander …

Nous poursuivons jusqu’au poste frontière du Nigeria . Comme pour le Cameroun, tout est méga simple, très sympa et rapide .