Du 8 au 20 juillet : KIGALI – PARC des VOLCANS
Lundi 8 juillet
Nous quittons l’Ouganda, avec regret. Initialement réticents à l’idée de le visiter en raison des tensions avec la RDC, les récits enthousiastes de nos amis LuFlo nous ont finalement convaincus de changer nos plans. Heureusement que nous l’avons fait ! L’Ouganda s’est révélé être un véritable trésor caché, surpassant toutes nos attentes. C’est le pays ( pour l’instant) le plus chaleureux et accueillant que nous avons eu le plaisir de visiter, riche en faune unique et en paysages époustouflants qui resteront gravés dans nos mémoires.
Welcome to Rwanda le pays des milles collines.
Le passage de la frontière se passe bien, sauf pour la voiture, pour laquelle nous ne pouvons obtenir qu’une autorisation de 14 jours. Il faudra aller à un autre poste frontalier pour prolonger cette autorisation, bien que je ne comprenne pas vraiment pourquoi nous n’avons pas le choix et irons certainement du coté de Goma.
En entrant dans ce pays qui, au premier abord, semble pauvre, on remarque beaucoup mais beaucoup de vélos dont certains transportent des charges gargantuesques. Des photos ? Ah, mais non, j’ai perdu ma carte SD ! Quatorze jours pour la voiture, carte SD perdue, et pour couronner le tout, deux jours d’intoxication alimentaire ! Bref pour l’intoxication c’est terminé donc reprenons . Passons à un peu d’histoire sur ce pays :
Période Précoloniale
14ème siècle : Formation des royaumes rwandais, principalement le Royaume du Rwanda.
15ème siècle : Développement d’un système politique centralisé sous les rois (Mwami) avec une structure sociale composée des Hutu, Tutsi, et Twa.
Colonisation
1884-1885 : Conférence de Berlin – le Rwanda devient une partie de l’Afrique orientale allemande.
1897 : Arrivée des premiers administrateurs allemands.
1916 : Pendant la Première Guerre mondiale, la Belgique occupe le Rwanda.
1919 : Le Traité de Versailles place le Rwanda sous mandat belge de la Société des Nations.
Vers l’Indépendance
1959 : Révolution sociale – début de tensions ethniques et révoltes Hutu contre Tutsi.
1961 : Abolition de la monarchie, proclamation de la République.
1er juillet 1962 : Indépendance du Rwanda de la Belgique.
Premières Décennies Post-Indépendance
1963 : Massacres ethniques et violence intercommunautaire.
1973 : Coup d’État militaire par Juvénal Habyarimana, début de la Deuxième République.
Génocide et Après
6 avril 1994 : Assassinat de Juvénal Habyarimana – début du génocide contre les Tutsi et les Hutu modérés.
Avril – juillet 1994 : Génocide rwandais – environ 800 000 à 1 million personnes tuées.
Juillet 1994 : Le Front patriotique rwandais (FPR) prend le contrôle du pays, fin du génocide.
1996-1997 : Conflit et interventions militaires au Congo, impliquant les forces rwandaises.
Récupération et Développement
2000 : Paul Kagame devient président.
2003 : Nouvelle constitution adoptée, première élection présidentielle depuis le génocide.
2000 – 2020 : Efforts de réconciliation nationale, croissance économique,infrastructures.
Situation Contemporaine
2010-2020 : Renforcement du pouvoir de Kagame.
2020 : Rwanda reconnu pour ses progrès en termes de développement humain, malgré des défis persistants en matière de liberté d’expression et de démocratie.
Kigali est une ville un peu spéciale, et certainement pas de tout repos avec ses collines constantes où l’on passe son temps à monter et descendre, parfois de manière abrupte. Mais malgré ces défis géographiques et une circulation très dense, la ville est étonnamment calme. Il n’y a pas d’énervement, ni de coups de klaxon intempestifs et c’est propre
Malgré tout, nous avons l’occasion de marcher, et notre GPS va au plus court et ne fait pas la distinction entre routes, rues et chemins de terre battue. Nous nous retrouvons donc dans des quartiers à quelques mètres des accès principaux, comme le golf, où l’atmosphère est bien différente. L’insalubrité est clairement présente : même s’il n’y a pas de déchets plastiques ou de papiers visibles, la pauvreté est palpable. Il manque des infrastructures de base, comme des égouts et sanitaires,augmentant les difficultés quotidiennes des habitants.
La visite poignante et déchirante du Mémorial du génocide
Le Mémorial du Génocide de Kigali, situé à Gisozi, est un lieu de mémoire et d’apprentissage dédié aux victimes du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Inauguré en avril 2004, à l’occasion du dixième anniversaire du génocide, ce mémorial a été créé pour rendre hommage aux plus de 800 000 personnes tuées en l’espace de 100 jours.
Le mémorial sert plusieurs fonctions essentielles : c’est un lieu de sépulture où reposent les restes de plus de 250 000 victimes, un centre de documentation et de recherche sur le génocide, et un outil éducatif pour enseigner les causes, la réalisation et les conséquences du génocide, ainsi que promouvoir la réflexion sur des thèmes similaires à l’échelle mondiale.
Le site comprend trois expositions permanentes. La principale est dédiée au génocide contre les Tutsi en 1994. Une autre se concentre sur les génocides à travers le monde, soulignant la portée internationale de ces tragédies. La troisième exposition est consacrée à l’histoire des enfants victimes du génocide, illustrant leurs expériences à travers des photos, des jouets et des récits personnels.
Le Mémorial du Génocide de Kigali joue un rôle crucial dans la mémoire collective du Rwanda, aidant les citoyens et les visiteurs du monde entier à comprendre l’importance de prévenir de telles atrocités à l’avenir.
Kigale c’est aussi une piste de running qui longe le golf sur une distance de 2,4 km.
Lundi 15 juillet
Après une semaine un peu contrainte à Kigali, due à mon intoxication , nous reprenons la route le jour des élections. Tout est très très calme !
Nous empruntons la N17, une route qui oscille entre route et piste, offrant de superbes paysages.
Dans chaque ville ou village, il y a des « portiques » pour les élections, souvent mis en place pour marquer les points d’entrée où se déroulent les opérations de vote.
Beaucoup d’arbres ont été coupés dans cette région, principalement pour libérer des terres destinées à l’agriculture. Cette pratique vise bien entendu à répondre aux besoins alimentaires croissants mais entraîne des conséquences environnementales significatives comme l’érosion des sols, la perte de biodiversité, et des modifications des cycles hydrologiques.
Rizières au bord de la rivière
Arrivés à Ruhengeri, nous nous arrêtons au camp de Susa Gardens où nous retrouvons Brigitte et Ivan, que nous avions croisés en Ouganda. Nous passons une belle soirée, et les crêpes de Brigitte ont un franc succès !
Mardi 16 juillet,
Nous prenons la direction de Kinigi, à 20 kilomètres de là, et allons prendre des renseignements pour le trek vers la tombe de Dian Fossey qui se trouve dans le parc des volcans. C’est prévu pour demain.
Petite promenade en attendant demain.
Mercredi 17 juillet
Dring, dring, dring… 5h30, le réveil sonne ! Debout ce matin pour une nouvelle journée …
En arrivant au point de départ de toutes les activités proposées, nous n’en croyons pas nos yeux… c’est une véritable usine. Des dizaines de voitures safari arrivent et il y a même un embouteillage pour entrer sur le parking. Environ 200 personnes arrivent en une heure ! Tout est très bien organisé, mais… cette affluence nous surprend et ce n’est pas vraiment à notre goût.
Il faut ensuite se rendre au point de départ du trek. Là encore, nous ne sommes pas très à l’aise. En effet, nous traversons des villages en file indienne avec nos gros cylindrés, laissant derrière nous une épaisse poussière qui enveloppe les villageois – femmes, enfants, hommes… Franchement, c’est loin d’être top ! La piste en lave est ensuite sur 2 kms , une horreur.
Le trek pour monter à la tombe est effectivement très agréable.
Les paysages changent au fur et à mesure que nous montons. Nous sommes également escortés par des militaires sérieusement armés pour notre sécurité, en raison de la présence de nombreux buffles dans ces montagnes. Cela dit, étant donné que nous nous trouvons à peine à 2 km de la frontière avec la RDC, je pense que leur présence est également liée à cette proximité géopolitiquement sensible.
Petit rappel : Dian Fossey, née à San Francisco, en Californie, a grandi dans une famille où elle était encouragée à suivre ses passions . C’est clair que là c’est réussi ! C’était une primatologue et conservatrice célèbre pour son travail dévoué à l’étude et à la conservation des gorilles des montagnes Elle a commencé à travailler avec les gorilles en 1966 en République Démocratique du Congo (alors appelée Zaire). C’est là qu’elle a établi son premier camp de recherche, financé en partie par le paléontologue Louis Leakey, qui l’avait également soutenu dans ses efforts pour obtenir une formation en observation des primates. Toutefois, en raison de l’instabilité politique et des conflits dans la région, elle a dû déménager son camp au Rwanda, où elle a fondé le Karisoke Research Center en 1967.
Elle vivait de manière spartiate dans les montagnes des Virunga, où elle avait établi son centre de recherche. Son campement était situé à une altitude élevée, 3 100 mètres, ce qui impliquait des conditions climatiques difficiles, souvent froides et humides. Elle passait la majorité de son temps en plein air, suivant les gorilles dans la montagne, les observant pendant de longues périodes. Elle notait minutieusement leurs interactions, leurs habitudes alimentaires et leurs comportements sociaux. Malgré les défis physiques, comme le terrain accidenté et les conditions météorologiques parfois extrêmes, elle était profondément engagée dans son travail.
Elle employait également des locaux pour l’aider dans ses recherches et ses efforts de conservation. Cela comprenait le suivi des gorilles, mais aussi la lutte contre le braconnage, qui était un problème majeur dans la région. Le Centre s’est progressivement agrandi au fil des années. Initialement, il s’agissait d’un petit camp composé de quelques tentes et d’une structure simple pour les activités de recherche. Avec le temps et l’augmentation de la notoriété de ses travaux, le centre a attiré des fonds supplémentaires, des chercheurs et des volontaires du monde entier. Des structures plus permanentes ont été construites pour abriter le personnel, les laboratoires pour les recherches, ainsi que des installations pour l’accueil et la formation des étudiants et des chercheurs.
Militante farouche contre le braconnage, cela lui a attiré de nombreux ennemis parmi les braconniers et certains intérêts locaux. Dian Fossey a été tragiquement assassinée en 1985 dans son camp au Rwanda, un crime qui n’a jamais été complètement résolu, mais qui est largement attribué à ses conflits avec les braconniers. Elle a été inhumée dans le cimetière des gorilles, auprès de Digit, et près de plusieurs autres gorilles tués par des braconniers.
Nous redescendons par le même chemin et rentrons au camp, croisant toujours ces vélos « cargos » Vision quotidienne qui nous marque beaucoup.
Jeudi 18 juillet
Nous partons vers l’est pour visiter deux lacs : le lac Ruhondo et le lac Burera. Après cette escapade, nous retournerons au poste frontalier pour prolonger l’autorisation de la voiture de 14 jours supplémentaires.
Nous croisons encore et encore des femmes, des enfants et des hommes portant des charges surhumaines sur ces routes qui montent et descendent continuellement. Nous passons de 1600 mètres à 2500 mètres sans arrêt. La résilience et la force de ces personnes sont totalement hallucinantes.
Porte métallique !
Nous commençons à longer le lac.
Par contre, je me retrouve encore du mauvais côté et le vide attire mon regard, me rendant malade une fois de plus. C’est un véritable défi chaque fois que je suis en hauteur ou à proximité de précipices. Qu’est ce que c’est chia … donc les photos, et bien, pas top forcément si en plus on ajoute la luminosité de la saison sèche, on obtient ça !!
Nous arrivons au camping, qui est en réalité plus un parking de lodge. Il est très rare de trouver des campings traditionnels comme dans d’autres pays d’Afrique australe. La plupart du temps, ils se situent sur le parking d’un hôtel ou d’une guest house. On fait avec ce qu’on a et on ne va se plaindre après avoir crossés tous ces gens .
Vendredi 19 juillet
Nous remontons vers le poste frontière pour prolonger notre autorisation de 14 jours supplémentaires.
Petite anecdote au border post : Yannick repère une poubelle sur le parking et en profite pour nous délester de quelques détritus non biodégradables. Il y a environ 50 mètres entre la voiture et la poubelle. Il fait un premier passage, puis retourne chercher le reste à la voiture. Lorsqu’il revient, à peine deux minutes plus tard, surprise… la poubelle a disparu ! Un agent est venu la prendre !
La remontée se fait entre les deux lacs
Premier makala
Aie aie …il a fallu attendre un petit temps !
Nous arrivons à nouveau à Kinigi au parking/camp pour quelques jours
Première impression assez mitigée : les gens sont tristes, avec des regards méfiants ou inquiets, une sensation que nous n’avons pas ressentie dans les autres pays. Nous allons voir si l’ambiance est la même du côté du lac Kivu.